26 mars 1351. Le combat des Trente : un épisode de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364)

Le « combat des Trente » est encore considéré aujourd’hui comme l’un des faits d’armes les plus glorieux de la guerre de Succession de Bretagne (1341-1364). Depuis 1341, en effet, le duché est ravagé par une guerre civile qui oppose les partisans de Jeanne de Penthièvre à ceux de Jean de Montfort, chaque camp réclamant pour lui la couronne ducale de Bretagne. Paradoxe maintes fois souligné, aucun des prétendants n’est véritablement breton : si Jeanne de Penthièvre appartient bien à la haute noblesse bretonne, son époux, Charles de Blois, a en revanche pour mère une sœur du roi de France Philippe VI de Valois. Tous deux incarnent donc un parti francophile en Bretagne. Quant à Jean de Montfort, il se réclame d’un lignage issu de Pierre de Dreux, un prince capétien à qui le roi de France Philippe Auguste permit d’épouser Alix, héritière en son temps du duché de Bretagne. Ce n’est donc pas là non plus, à proprement parler, une dynastie locale. L’affaire prit un tour particulier lorsque Jean de Montfort, assiégé dans sa capitale nantaise, fut contraint de se rendre aux troupes françaises avant d’être emmené captif à Paris (novembre 1341). Réfugiée à Hennebont, son épouse, Jeanne, trouva bien vite auprès des Anglais le soutien nécessaire aux ambitions de son mari, désormais prisonnier d’un roi de France acquis à la cause de Charles de Blois. Se dessine alors autour d’elle un parti anglophile en Bretagne. La guerre des deux Jeanne peut commencer. 23 années durant, la Bretagne en subira les conséquences.

 

C’est dans ce contexte bien particulier que se déroule, le 26 mars 1351, le « combat des Trente ». La confrontation a lieu au chêne de Mi-voie, entre Josselin et Ploërmel. Deux partis s’affrontent sur la lande bretonne. Autour de Jean IV de Beaumanoir se rassemblent trente et un hommes d’armes, tous partisans de Charles de Blois. En face, le parti de Montfort leur oppose trente et un hommes de guerre, -vingt et un d’entre eux sont Anglais-, commandés par Richard de Bemborough (Bembro dans un poème du XIVe siècle et Brandebourch dans la chronique de Froissart). Après quelques palabres, les combats croisent le fer en une mêlée désordonnée, chacun avec les armes de son choix. Côté anglais, on se vante de pouvoir amener les Bretons qui en réchapperont à leur roi. Au bout d’un moment, n’en pouvant plus, les hommes d’armes des deux camps prennent le temps de se reposer et étanchent leur soif. Puis, la furieuse mêlée reprend. Bientôt, Bemborough trouve la mort sous les coups de ses adversaires tandis que ses hommes s’efforcent de faire face en rangs serrés. La physionomie du combat change. Beaumanoir, blessé, assoiffé, semble mal en point. Il est apostrophé par l’un des siens : « bois ton sang Beaumanoir, la soif te passera » ! Au terme de la journée, la victoire revient aux Bretons. Trois d’entre eux pourraient avoir trouvé la mort au combat contre une douzaine d’hommes d’armes dans le camp adverse. Une victoire bien éphémère. Deux jours plus tard, les partisans de Charles de Blois trouveront, pour la plupart d’entre eux, la mort dans une embuscade. La guerre de Succession de Bretagne n’est pas prête de s’éteindre…

About FRANCE TERRES D'HISTOIRE (5 Articles)
FRANCE TERRES D'HISTOIRE, bimestriel numérique, présente à ses lecteurs toute l'actualité de l'histoire en France ainsi qu'un dossier consacré à une ou plusieurs régions à chaque numéro !

Laisser un commentaire