8 avril 1904, « l’Entente cordiale » parachève le rapprochement entre France et Royaume-Uni !

En ce début de XXe siècle, qui, au fil des années, apparaît de plus en plus comme une veillée d’armes, la diplomatie revêt, chaque jour qui passe, une importance plus grande. Pour la France, le rapprochement avec l’Empire britannique est un coup de maître qui plonge ses racines au cœur du siècle précédent. Ce fut Guizot, plusieurs fois ministre sous la monarchie de Juillet (1830-1848), qui employa l’expression « entente cordiale » pour désigner l’amélioration des relations entre les deux États. A l’époque, Louis-Philippe provoqua une rencontre avec la reine Victoria au château d’Eu (septembre 1843). Plus tard, Napoléon III se fit fort de poursuivre la même politique de rapprochement, non sans succès, puisqu’il obtint l’alliance de l’Angleterre lors de la guerre de Crimée (1854-1856). Malgré tout, les rivalités coloniales empêchèrent d’aller plus loin et il fallut bien se contenter d’alliances de circonstances entre Français et Anglais. Pire, l’affaire de Fachoda (1898) faillit déboucher sur un conflit armé, toutefois, la France préféra composer plutôt que de risquer une guerre avec l’Angleterre. La République française tira néanmoins quelque profit de l’incident en ayant désormais les mains libres au Sahara. Pour tout dire, l’Allemagne voyait s’accroître sa puissance navale et cela inquiétait ses voisins. Du coup, on préféra s’entendre avec les Anglais.

 

L’affaire n’allait cependant pas de soi malgré les rapprochements des décennies passées. Ainsi, en 1898, l’Allemand Guillaume II se rendit en Angleterre pour y mettre au point une alliance avec les britanniques. L’année suivante, Allemands et Anglais tombèrent d’accord sur un éventuel partage de la Chine. Début 1901, Guillaume II était de retour outre-Manche pour raisons familiales. Sa grand-mère, la reine Victoria, agonisait. Edouard VII, le nouveau roi, qui éprouvait un certain mépris vis-à-vis de Guillaume II, persista cependant à bien le traiter. Pourtant, l’inquiétude quant à la puissance grandissante de l’Allemagne inquiétait les milieux britanniques. Joseph Chamberlain (1836-1914) sonna la charge, prononçant un violent discours anti-allemand à Edimbourg (25 octobre 1910). A la fin de l’année, le pas était franchi. Les négociations avec l’Allemagne en vue d’une alliance n’iraient pas plus loin. Un retournement de l’opinion publique française, hostile aux Anglais depuis Fachoda, se produisit lorsqu’Edouard VII entreprit de se rendre en France (1903). L’habileté du ministre des Affaires étrangères, Théophile Pierre Delcassé, fit le reste.

 

Le 8 avril 1904, le Royaume-Uni et la France s’entendirent sur une série d’accords bilatéraux. « L’Entente cordiale » devient une réalité. On eût d’abord la sagesse de régler les différends coloniaux qui persistaient entre les deux empires (droits de pêche au large de Terre-Neuve, domination anglaise reconnue en Égypte, protectorat français au Maroc, zones d’influence respectives au Siam, souveraineté française à Madagascar, etc…). Côté français, l’alliance anglaise dispensait aussi la France de se constituer une flotte coûteuse pour dominer les mers en cas de conflit. L’intérêt était évident. La croissance française étant moins rapide que celle de l’Allemagne, des économies étaient les bienvenues ! Pour tout dire, la France était sans doute plus demandeuse de l’accord que l’Angleterre et le gouvernement d’Émile Combes y gagna à l’évidence. D’autant qu’au-delà du règlement des questions coloniales, l’accord ouvrit la porte à des accords militaires. Les États-majors se rapprochèrent afin d’envisager une action militaire commune sur le continent. Là encore, l’affaire n’était pas simple. Il fallut envisager le débarquement des troupes britanniques dans les ports français, leur cantonnement sur le sol national et leur engagement dans des opérations conjointes. Rien ne pouvait être laissé au hasard. Commencées en 1905, les discussions aboutirent à un accord l’année suivante. Ainsi, les accords franco-russes de 1892, ceux conclus par la France avec l’Angleterre et l’alliance signée entre Anglais et Russes (1907) débouchèrent sur la constitution de la « Triple Entente ». Historiquement, et ce n’est pas une petite affaire, « l’Entente cordiale » mit fin au vieil antagonisme qui opposait la France et l’Angleterre depuis plusieurs siècles.

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